14 août 2016

Le discours du président tchadien IDRISS DEBY ITNO

Le président de la république IDRISS DEBY ITNO a prêté serment ce lundi le 08 août 2016 devant le conseil constitutionnel.
«Chaque tchadien doit préserver les valeurs de la paix et de l'unité nationale»
«La place de la femme tchadienne dans les différentes instances de la république est un impératif»
«Le développement du monde rural est ma priorité»

Discours d'investiture de Son Excellence Idriss DEBY ITNO, Président de la République, Chef de L'Etat
Ndjamena, le 08 août 2016
Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat,
Mesdames, Messieurs les Représentants des Chefs d’Etat et pays amis,
Mesdames les Premières Dames,
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Présidents des Grandes Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil Constitutionnel,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de missions diplomatiques et Représentants des Institutions internationales,
Distingués Invités, en vos rangs et qualités respectifs,
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers Compatriotes,
Chers Collègues Chefs d’État, Mesdames et Messieurs les membres des délégations étrangères, je voudrais avant tout propos vous adresser mes sincères remerciements d’honorer de votre auguste présence cette cérémonie solennelle, en dépit de vos lourdes responsabilités et de vos agendas que je sais très chargés.
Votre présence qui me réjouit à titre personnel est la démonstration des liens étroits de fraternité qui existent entre vos pays et peuples respectifs, et le Tchad et les Tchadiens.
Soyez les bienvenus sur la terre de TOUMAÏ, notre ancêtre commun et je vous souhaite un agréable séjour dans notre Capitale, N’Djamena.
Mes Chers Compatriotes,
L’obligation constitutionnelle de prestation de serment à laquelle je viens de sacrifier solennellement, devant le Conseil Constitutionnel et le Peuple Tchadien, signe, dès cet instant, l’engagement du Pacte d’honneur que j’ai soumis aux Tchadiennes et aux Tchadiens, qui y ont adhéré massivement le 10 avril 2016.
En effet, ce 10 avril 2016, dans le calme et la ferveur, en toute liberté et en toute transparence, les Tchadiennes et les Tchadiens ont une nouvelle fois démocratiquement choisi de m’accorder leur exigeante confiance en portant leur suffrage sur ma modeste personne.
Cette confiance qui m’émeut au plus profond de moi, est avant toute chose, génératrice d’obligations et de responsabilités dont j’ai pleinement conscience, et pour l’exécution desquelles je n’économiserai aucun sacrifice.
Devant l’ampleur des défis qui se dressent sur le sentier du progrès économique et social, face à la dureté des combats multidimensionn
els que notre pays doit engager en vue de son émergence, l’UNITÉ des filles et des fils du Tchad constitue un déterminant décisif, voire exclusif.
Au temps de la compétition démocratique qui a vu une expression pluraliste, sanctionnée par un choix populaire libre, doit désormais succéder le temps de la concorde nationale et de l’engagement patriotique.
En ce jour où nous venons de revêtir la charge suprême, plus que jamais, nous mesurons la responsabilité qui est la nôtre à l’égard de l’ensemble des Tchadiennes et des Tchadiens, pris collectivement et individuellement, qu’ils soient de l’Est ou de l’Ouest, du Nord ou du Sud, de l’Intérieur ou de l’Extérieur, toutes obédiences politiques et confessionnelles confondues.
Je suis en effet le Président de tous les Tchadiens.
Mes Chers Compatriotes,
Durant la Campagne électorale, je vous ai soumis ma vision de l’avenir et le projet de société qui doit rendre notre beau pays, plus FORT, plus SOLIDAIRE et plus PROSPÈRE.
En ce premier jour solennel du quinquennat, je voudrais réitérer mon ferme engagement et ma détermination sans faille à traduire dans le concret le contrat social qui a suscité votre espérance et votre adhésion.
Durant les cinq années qui viennent de s’écouler, notre pays a su engranger les dividendes de cette paix précieuse qui nous fuyait depuis des décennies.
Dans un monde instable et au milieu d’une Afrique confrontée à des nouveaux tourments de l’histoire, notre pays doit poursuivre sa politique de solidarité active avec nos sœurs et nos frères qui subissent, à leur corps défendant, les affres de l’obscurantisme et de l’intégrisme barbare.
Les valeurs de paix, de solidarité et d’humanité ont toujours constitué les sources nourricières de l’Afrique de nos ancêtres, avant que les bouleversements pluridimensionnels du monde moderne ne viennent inoculer le virus de la haine et de la violence à nos sociétés, aujourd’hui désorientées.
L’Afrique est riche de ses enfants.
L’Afrique est riche de ses ressources.
L’Afrique est riche de son histoire.
L’Afrique est riche de ses valeurs millénaires.
Il appartient aux Africains, et aux Africains seuls, de savoir capitaliser sur ces atouts inestimables, afin de gagner le respect dans un monde gouverné par l’égoïsme et le matérialisme.
Notre pays, le Tchad, continuera d’être de ce rendez-vous continental en poursuivant sa diplomatie panafricaniste, aiguillée par un engagement désintéressé en pleine conscience des menaces existentielles qui planent sur notre continent.
Tchadiennes, Tchadiens,
Mes Chers Compatriotes,
En dépit d’une dégradation durable de la conjoncture économique qui doit être prise en compte, notre capacité de résistance aux différentes menaces sécuritaires est dépendante des efforts qui seront consentis en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité à l’intérieur de nos frontières.
Aussi, la réforme de l’Armée et de l’ensemble des forces de sécurité qui a produit ses premiers fruits sera poursuivie dans un souci constant de recherche de la plus grande efficacité dans la protection de nos concitoyens.
En ma qualité de Chef Suprême des Armées et de premier responsable de la sécurité des Tchadiennes et des Tchadiens, mon attention première continuera d’être portée sur la conservation de la paix et de la sécurité sans lesquelles toute autre œuvre serait vaine.
Ainsi, le Gouvernement sera amené à prendre toutes les mesures qui s’imposent afin de poursuivre la lutte implacable contre le terrorisme partout où il peut menacer notre sécurité ou nos intérêts.
Par ailleurs, le dialogue politique, l’ouverture et la main tendue que nous avons toujours pratiqués à l’égard de ceux qui sont animés d’une réelle intention constructive, seront toujours promus comme ciment de la concorde nationale.
Mieux que tout autre peuple, les Tchadiens connaissent les effets ravageurs de la division et de la haine.
Mieux que tout autre peuple, les Tchadiens connaissent la valeur de la paix et de l’unité. Aucune surenchère politicienne, aucune volonté d’assouvissement des ambitions égoïstes, ne doit venir affecter ce précieux acquis de notre peuple.
Je lance par conséquent un appel sincère à tous mes compatriotes, où qu’ils soient et dans le respect de nos différences, de conjuguer nos énergies positives dans cette œuvre de construction d’une Nation où chacun a sa place.
Mes Chers Compatriotes,
Si la préservation de la stabilité doit constituer la charpente de toute notre politique, c’est pour mieux conduire les actions à venir autour des trois axes majeurs, développés dans notre Programme électoral, et inspirés de vos priorités exprimées lors des consultations régionales préélectorales.
En ce sens, la poursuite de l’amélioration de la qualité de vie, la mise en valeur judicieuse du capital humain et la diversification de notre économie, doivent concentrer toutes les actions publiques et les initiatives privées, tout au long du quinquennat.
Ainsi, notre objectif de porter l’accès à l’eau potable de 53 à 83%, ainsi que le doublement des terres agricoles aménagées, trouvera sa première traduction budgétaire dès la Loi des Finances 2017 et il en sera ainsi chaque année.
La question de l’eau est une préoccupation majeure de nos populations, notamment dans les zones installées sur des socles stériles. En mobilisant les moyens de l’État et l’expertise internationale, nous parviendrons à la maitrise de cette ressource qui est à la base de toute vie humaine.
Je ne cesse de le répéter : l’avenir économique de notre pays se construira grâce à une exploitation intelligente de son potentiel agro-pastoral.
Le salut ne viendra jamais des ressources pétrolières dont la modestie et la volatilité exposent plus qu’elles ne rassurent. Les difficultés actuelles sont là, s’il en est besoin, pour rappeler cette triste évidence.
C’est pourquoi, dans la continuité du quinquennat précédent, le quinquennat qui commence sera prioritairement consacré au développement rural, afin de parachever l’œuvre déjà entreprise dans l’atteinte effective de la sécurité alimentaire et de la constitution d’un tissu industriel solide de transformation locale de nos produits d’élevage et d’agriculture.
Je lance un appel pressant à tous les hommes politiques, cadres, hommes d’affaire pour un retour à la terre et à l’élevage.
La diversification de notre économie passe également par l’exploitation de nos ressources minières dont l’inventaire est en cours de réalisation.
Elle repose aussi sur les actions pertinentes qui doivent être menées, afin de tirer profit des nouvelles technologies, de nos potentialités touristiques et de l’exploitation rationnelle de notre environnement.
Elle présuppose enfin que nous continuions à améliorer le climat des affaires dans notre pays grâce à des mesures fortes, sur le plan juridique et judiciaire, destinées à rassurer et à sécuriser les investisseurs.
Sur le plan de l’énergie, les projets en cours d’exécution seront renforcés par le lancement des vastes programmes énergétiques qui permettront à notre pays de diversifier ses sources et d’accroître ses capacités, afin de garantir une énergie disponible et abordable à nos concitoyens et à nos entreprises.
Nous avons conscience que l’énergie demeure la clé de notre décollage industriel.
Durant les cinq années écoulées, des ressources colossales ont été mobilisées pour la construction des structures de santé, dans nos villes et dans nos villages.
Durant les cinq années à venir, cet effort sera maintenu avec l’ambition d’assurer une couverture sanitaire universelle à l’ensemble de nos concitoyens.
Dans le même temps, notre système de santé actuel doit être refondé en profondeur en vue d’améliorer la qualité des prestations fournies.
Mes Chers Concitoyens,
Aucun pays au monde n’a réussi son développement sans avoir accordé, à sa jeunesse et aux femmes, la place qu’elles méritent au sein de la communauté nationale.
Nos sœurs Tchadiennes supportent une part importante de la charge sociale et contribuent, au moins autant, sinon plus que les hommes, à la production de la richesse nationale.
Dans la société harmonieuse que nous voulons construire, la femme ne doit pas être considérée comme la supplétive de l’homme, ni comme sa suppléante, encore moins comme une citoyenne de seconde zone qui soit obligée de quémander sa place naturelle, notamment dans la conduite des affaires publiques.
La femme Tchadienne est valeureuse et généreuse, elle est patriote et engagée, elle est responsable et d’une dignité insoupçonnable. Elle mérite l’admiration et la reconnaissance de la Nation.
La promotion et la protection des droits de la femme, de tous les droits de la femme, seront au centre mes préoccupations. La Femme tchadienne aura sa place dans tous les segments de la société nationale en commençant par l’accès à l’éducation.
Jeunesses Tchadiennes,
Je mesure pleinement l’ampleur de vos attentes, je comprends les angoisses et les incertitudes qui vous habitent et j’ai conscience de vos espoirs déçus.
Mais j’ai surtout foi en notre capacité commune à briser toutes les entraves à l’accomplissement de nos ambitions partagées.
J’ai également foi en l’audace et à l’esprit patriotique de la jeunesse Tchadienne, fer de lance du développement et de défense des valeurs d’une République unie et prospère.
J’ai enfin foi en votre lucidité et en votre sens du devoir qui vous oblige à faire don à la Nation, de vos personnes, de votre énergie et de votre inventivité.
Jeunesses Tchadiennes,en retour, vous pouvez avoir foi en ma détermination résolue à apporter les réponses appropriées aux préoccupations qui vous animent et qui m’engagent.
Vous offrir une éducation et une formation de qualité, du Primaire au Supérieur, est la condition première d’un plein épanouissement personnel. Mais c’est également, le plus sûr investissement que nous pourrons faire pour l’avenir de notre pays.
C’est pourquoi, les reformes préconisées par les États Généraux de l’Éducation seront parachevées, l’entrepreneuriat des jeunes sera développé, la promotion des sports sera poursuivie et l’accès à l’emploi tant public que privé continuera d’être soutenu.
Je n’oublie pas également, nos compatriotes de la diaspora qui ont tant à apporter à leur pays et qui occupent une place à part dans nos cœurs.
Je les invite à se joindre à leurs frères et sœurs de l’intérieur, afin de contribuer à l’œuvre de construction de leur Patrie, en lui faisant profiter de leurs riches expériences et de leurs connaissances.
D’ores et déjà, toutes les dispositions sont prises pour que nos compatriotes de l’étranger soient représentés par leurs élus au sein de la prochaine Assemblée Nationale et pour que toutes les facilités soient accordées pour ceux qui voudraient regagner leur terre natale.
Chers Concitoyens,
En l’espace d’une décennie, notre pays a effectué une avancée spectaculaire dans le domaine des Infrastructures.
La politique de désenclavement vers l’extérieur et à l’intérieur du pays s’est traduite par la réalisation de milliers de kilomètres de routes bitumées et par la construction de plusieurs aéroports répondant aux normes internationales.
L’émergence de notre pays passe par la poursuite, voire l’amplificationde cette politique ambitieuse, avec pour objectif de doubler notre réseau routier bitumé, dans les cinq prochaines années.
Dans le même temps, nous accélérerons la réalisation du grand chantier du quinquennat, c’est à dire l’exécution des projets de liaisons ferroviaires vers le Soudan et vers le Cameroun, dont les études sont en cours.
Mes Chers Compatriotes,
La paix et l’unité, disais-je, constituent les soubassements incontournables de toute politique efficiente de progrès économique et social.
Dois-je également vous rappeler que la bonne gouvernance, dans son acception large, est l’autre condition sine qua non du succès de nos actions et de la réalisation de nos espérances.
Cette évidence est d’autant plus éclatante aujourd’hui que notre pays n’est pas épargné par la crise économique et financière qui affecte le monde entier.
La rigueur et la transparence dans la gestion des ressources publiques à tous les niveaux, le fonctionnement efficace des services et institutions publics, la lutte implacable contre toutes les formes de prévarications économiques et financières : ce sont là des causes vitales qui mobiliseront mon énergie de tous les instants.
Les chocs endogènes et exogènes qui ont contribué au tarissement des ressources budgétaires, tout en fragilisant notre tissu économique, ne peuvent être résorbés qu’au travers des mesures courageuses, destinées, particulièrement, à contenir le train de vie de l’Etat dans des propositions supportables pour nos finances publiques.
L’Etat hérité de la colonisation a, depuis 1960, beaucoup évolué dans le sens de la redéfinition de ses responsabilités et de ses missions essentielles. Mais, son mode de fonctionnement et ses performances suscitent un questionnement légitime de la part de nos concitoyens.
De même, nos institutions issues de la Constitution de 1996 ont fait leur preuve en permettant un ancrage progressif de la culture démocratique dans l’esprit des Tchadiens en général, et d’une large part de la classe politique en particulier.
Le moment est aujourd’hui venu de faire une évaluation lucide de notre modèle institutionnel actuel et de son fonctionnement, afin d’y apporter les corrections nécessaires au renforcement de la démocratie et de l’état de droit dans notre pays.
Ce quinquennat sera marqué du sceau de la réforme ; celle des institutions dont notre appareil judiciaire, et celle de l’Administration dans toutes ses composantes.
Comme je vous l’ai promis le 09 février dernier, il appartiendra à l’ensemble des forces vives de la Nation qui seront réunies dans le cadre d’une large consultation nationale, de faire ce diagnostic institutionnel et de proposer les solutions adaptées à nos réalités.
Le dernier mot reviendra au Peuple d’opter pour les évolutions institutionnelles qu’il désire voir réaliser.
Mais d’ores et déjà, le Gouvernement qui sera mis en place prendra, sans attendre, les mesures d’urgence nécessaires à la résorption des conséquences de la conjoncture économique défavorable que nous traversons.
Mes Chers Compatriotes,
Votre confiance renouvelée m’oblige une nouvelle fois à continuer d’entretenir ce formidable élan national, de rassembler et de protéger les Tchadiens de tous les bords, de mener toutes les réformes et actions concourant à l’essor économique et social de notre pays.
La nouvelle page de l’histoire de notre pays que nous voulons graver dans le marbre, commande des nouveaux comportements et un état d’esprit revisité.
Le Tchad de l’Emergence, c’est l’éclosion d’une nouvelle conscience :
Conscience qu’il y a un patrimoine commun à protéger ;
Conscience qu’il y a un intérêt supérieur à défendre ;
Conscience qu’il y a une paix à préserver.
Le Tchad a besoin de la contribution de l’ensemble de ses filles et de ses fils pour affronter les défis d’aujourd’hui et de demain.
J’aurai besoin de tous les Tchadiennes et les Tchadiens pour conduire avec succès la difficile et passionnante mission que vous m’êtes l’honneur de confier.
Je ne saurais terminer mes propos sans remercier la presse, le protocole et tous ceux qui ont contribué à la réussite de cet évènement.
Que Dieu bénisse le Tchad et les Tchadiens.
Vive le Tchad.
Vive la République.
Je vous remercie.